Elles ont longtemps été, dans les années 60, l’incarnazione a doppia faccia dell’attrice italiana. D’un côté, la brune, charnelle et populaire. De l’autre, la bionda, intellectuelle et énigmatique. Sophia Loren a été l’une des premières à réagir, mercredi, au décès à 90 ans de Monica Vitti : «Je suis affligée et peinée. Une grande actrice a disparu, c’est une grande perte non seulement pour le cinéma mais pour nous tous», at-elle indiqué, ajoutant comme on évoque un monde enseveli, «la dernière fois que je l’ai vue, ce fut aux obsèques de Mastroianni». La mort de «l’anti-diva», come la presente plusieurs journaux italiens, a provoqué une avalanche de réactions dans le monde du spettacolo transalpin.

«Simbolo della liberazione delle donne»

«C’était une actrice complète à la forte personalità. Aux côtés d’Anna Magnani, on se souviendra d’elle comme d’une actrice straordinaria tant dans les film dramatiques que les comédies», a commenté le metteur en scène Carlo Verdone partageant le sentiment du producteur Aurelio De Laurentiis pour qui Monica Vitti aura non seulement été «un’icona e una musa éthérée pour Antonioni» mais aussi «une actrice douée d’une «vis comica» incomparable pour Monicelli et tant d’autres réalisateurs de comédie où [elle] était une vraie reine». Il presidente del consiglio, Mario Draghi, a salué la mémoire d’une actrice «Dotée d’une grande ironie et d’un talent straordinario […] qui a donné du lustre au cinéma italien dans le monde». Il quotidiano di Torino, La Stampa, rappelle également que Monica Vitti, pour ses rôles mais aussi pour son indépendance dans la vie, fut un «simbolo della liberazione delle donne all’italiana». «Grâce à elle, la société italienne s’est découverte un peu plus émancipée, ironique et finalement contemporaine», ont salué les responsables de Cinecittà.

«Les jeunes n’ont sans doute jamais vu de films d’Antonioni»

Dans la péninsule, l’actrice était moins connue pour sa partecipazione aux chefs-d’œuvre de «l’incommunicabilité» di Michelangelo Antonioni que pour ses rôles plus légers aux côtés de d’Alberto Sordi, Ugo Tognazzi, Vittorio Gassman o Nino Manfredi . En référence à ces derniers, «elle était le cinquième homme», curriculum Sergio Toffetti, antico presidente del museo del cinema di Torino. «A elle seule, elle était capace de rééquilibrer le poids de ces quatre mousquetaires de la comédie. Les spectateurs italiens se souviennent principalement de ses interprétations dans Poussière d’étoile d’Alberto Sordi ou la Fille au pistolet di Mario Monicelli. D’autant qu’avec Michelangelo Antonioni, elle n’a fait que quatre longs métrages qui ont eu une grande influence pour les passionnés de cinéma, mais dont l’impact a été marginal sur le grand public. Aujourd’hui, les jeunes n’ont sans doute jamais vu de films d’Antonioni. Les salles ferment, les télévisions généralistes ne diffusent pas ce genere de films et l’Italie n’a jamais eu, à la différence par exemple de la France, une tradizione de cinéma du patrimoine», at-il ajouté.

Mercredi, à l’annonce de la disparition de l’attrice, la chaîne privée la 7 un annonce avoir change ses program pour lui rendre hommage, avec deux comédies. Quant à la Rai, elle n’avait pas non plus prévu de diffuser de films d’Antonioni avec Monica Vitti sur aucune des trois principalis chaînes publiques.